Informations de base sur la vaccination
Pourquoi la vaccination est-elle si importante?
Une vaccination permet de protéger les personnes contre une maladie infectieuse potentiellement dangereuse en créant une mémoire immunologique lorsqu’elles entrent en contact avec l’agent pathogène. Dans une population non protégée, c’est-à-dire naïve vis-à-vis d’un agent pathogène, une infection peut se propager en fonction du taux de reproduction de base (R0). Toutefois, si une partie de la population a été infectée ou vaccinée, cela peut entraîner une interruption de la chaîne d’infection (Fig. 1). Les personnes qui n’ont de contact qu’avec des personnes immunisées, c’est-à-dire celles qui ont été vaccinées ou qui ont eu la maladie, ne sont plus infectées et la chaîne d’infection est interrompue. Ainsi, l’immunité de groupe se développe en fonction des personnes vaccinées ou immunisées.
L’immunité de groupe dépend du R0 d’une maladie et du taux de couverture vaccinale ou d’immunité. R0 correspond au nombre moyen de personnes qui peuvent être infectées par une personne infectieuse pendant toute la période d’infection. Plus R0 est élevé, plus le taux de vaccination doit être élevé pour éradiquer une maladie dont l’agent pathogène est purement humain. Quelques exemples de taux de reproduction de base:
Pour la rougeole, avec une valeur R0 élevée de 12–18, le taux de couverture vaccinale doit être de 95% afin de prévenir une chaîne de transmission par l’immunité de groupe et de parvenir à une éradication de la maladie.
Classification des recommandations de vaccination selon l’OFSP
L’OFSP subdivise les recommandations de vaccination en trois groupes:
Contre-indications à la vaccination
Il semble y avoir beaucoup d’incertitudes concernant les contre-indications à une vaccination, bien qu’il n’y ait que peu de contre-indications réelles. Ces dernières comprennent les maladies aiguës nécessitant un traitement et les allergies sévères documentées (réactions anaphylactiques) aux vaccins ou aux composants de vaccins. Dans le cas de vaccins vivants, la grossesse, l’immunosuppression passagère (p.ex. chimiothérapie, prednisone >20mg/d pendant >14 jours, infection par le VIH avec des cellules CD4 <350 cellules/µl, leucémie non rémittente) ou immunodéficience congénitale sont des contre-indications supplémentaires. Les maladies ou affections suivantes ne constituent expressément pas des contre-indications: maladies infectieuses aiguës bénignes avec ou sans fièvre, convalescence, antibiothérapies, réponse à une vaccination locale, convulsions dans la famille ou convulsions fébriles dans les antécédents, ainsi que d’autres maladies telles que les maladies de la peau, les maladies chroniques du système nerveux central, y compris la sclérose en plaques5, le diabète, l’insuffisance rénale, l’asplénie et l’alcoolisme. Au contraire, les personnes atteintes de ces maladies concomitantes doivent absolument penser aux vaccinations de rappel nécessaires en raison du risque accru de maladie et de l’immunosuppression attendue!
Qu’est-ce qui a changé dans le plan de vaccination?
À partir du plan de vaccination de 2019, les vaccinations de base recommandées chez les nourrissons le sont à l’âge de 2, 4 et 12 mois (schéma 2+1) au lieu de l’ancien schéma 3+1 (2, 4, 6 et 12 mois). Cela inclut les vaccinations combinées contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, l’Haemophilus influenzae de type b et désormais également l’hépatite B ainsi que la vaccination contre les pneumocoques. Les nourrissons présentant des facteurs de risque, tels qu’une naissance prématurée avant 32 0/7 semaines de grossesse (SG) ou un encadrement en groupe prévu avant l’âge de 4 mois, constituent l’exception. Les nourrissons de ces groupes sont vaccinés avec une dose supplémentaire à l’âge de 3 mois; il est important que les nourrissons pour lesquels un encadrement de groupe est prévu aient reçu 2 doses de vaccin avant l’âge de 4 mois. Le calendrier de la vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole a également été repoussé. Désormais, les nourrissons sont vaccinés à 9 et 12 mois (auparavant à 12 et 24 mois). De quoi entraîner une protection plus précoce et une meilleure couverture vaccinale lors de la deuxième vaccination, étant donné que celle-ci coïncide alors avec le contrôle à un an.
La vaccination contre les virus du papillome humain (HPV) continue d’être recommandée pour les filles et les garçons, pour les filles comme vaccination de base et pour les garçons comme vaccination complémentaire. Depuis le 01.01.2019, le vaccin 9-valent (Gardasil 9®) est recommandé en guise de remplacement du vaccin 4-valent (Gardasil®), étant donné que ce vaccin protège non seulement contre les types 6, 11, 16, 18 du HPV, mais aussi contre les types 31, 33, 45, 52 et 58 et a donc une efficacité spécifique de 20–30% supérieure contre le cancer du col de l’utérus. Les filles doivent continuer à être vaccinées avec 2 doses de vaccin à un intervalle de 6 mois à l’âge de 11–14 ans, mais à partir de leur 15e anniversaire, trois vaccinations à un intervalle de 0, 2 et 6 mois sont nécessaires. Il est recommandé de répéter la vaccination jusqu’à l’âge de 26 ans. La vaccination continuera à être remboursée dans le cadre de programmes cantonaux.
La vaccination contre la méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE) est désormais recommandée pour toute la Suisse, à l’exception des cantons du Tessin et de Genève, en raison de sa propagation. Deux schémas de vaccination peuvent être utilisés, selon le vaccin choisi:
Une vaccination de rappel est recommandée tous les 10 ans dans les deux cas.
Le Tableau 1 donne un aperçu des vaccinations de base et vaccinations complémentaires recommandées dans le Plan de vaccination suisse 2020.
Quoi de neuf dans la littérature?
En 2019, Mina et al. ont publié une étude dans «Science» sur l’effet de l’infection par la rougeole sur la diversité des anticorps.6 L’étude s’est penchée sur la question de savoir dans quelle mesure l’infection par la rougeole ainsi que la vaccination contre la rougeole avaient un effet sur la diversité des anticorps. Il a été démontré qu’une infection légère ou grave par la rougeole réduisait la diversité des anticorps et donc la protection contre d’autres maladies infectieuses. En revanche, la diversité des anticorps a été maintenue après la vaccination. Cette étude montre de façon impressionnante les conséquences de l’infection naturelle par la rougeole, qui entraîne une diminution des défenses et est donc associée à un risque nettement accru de contracter d’autres infections. La vaccination, en revanche, n’affaiblit pas le système immunitaire.
Trois vignettes cliniques tirés de la pratique
Homme de 24 ans sans certificat de vaccination
Dans cette situation, toutes les vaccinations de base recommandées ainsi qu’une évaluation des éventuelles vaccinations complémentaires doivent être effectuées. Les vaccinations de base recommandées sont les suivantes: diphtérie, tétanos et coqueluche, poliomyélite, hépatite B, rougeole, oreillons, rubéole et varicelle, à condition qu’il n’y ait pas d’antécédents de la maladie en question (Tab. 2). En raison de l’âge du patient (moins de 26 ans!), les vaccinations complémentaires comprennent ici aussi la vaccination contre le papillomavirus humain. En outre, les vaccinations basées sur les risques contre les méningocoques (vaccin conjugué quadrivalent) et la MEVE doivent être envisagées. Si l’homme travaille dans le service de santé ou à proximité de femmes enceintes, la vaccination annuelle contre l’influenza est également recommandée.
Homme de 70 ans atteint de diabète de type 2
Ce patient a reçu toutes les vaccinations de base nécessaires. Il s’agit donc d’évaluer les vaccinations de rappel. L’OFSP recommande une vaccination de rappel contre le tétanos tous les 20 ans jusqu’à l’âge de 65 ans, et tous les 10 ans à partir de 65 ans. Si le sujet a, à cet âge, des contacts fréquents avec des nourrissons, il convient également d’envisager une vaccination de rappel contre la coqueluche (Tab. 3). Une vaccination complémentaire à partir de 65 ans est la vaccination contre le zona: Zostavax® est un vaccin vivant à haute dose qui est administré en une seule fois. Comme vaccinations basées sur le risque, la vaccination contre l’influenza et, si le diabète est mal contrôlé, la vaccination contre les pneumocoques (vaccin conjugué contre les pneumocoques) doivent être envisagées. Des vaccins trivalents et quadrivalents sont disponibles pour la vaccination contre l’influenza. Le vaccin quadrivalent couvre une deuxième souche d’influenza B en plus d’une souche H1N1, H1N3 et une souche d’influenza B. Un vaccin avec adjuvant peut être utilisé pour les personnes de plus de 65 ans.
Femme enceinte de 28 ans au cours de la 18e semaine de grossesse
Pendant une grossesse, il est recommandé de se faire vacciner contre l’influenza et la coqueluche. Le vaccin contre la grippe doit être administré en fonction de la saison, indépendamment de l’évolution de la grossesse. Le vaccin contre la coqueluche doit être administré au cours du deuxième trimestre pour obtenir des titres d’anticorps élevés maximums chez l’enfant. Avant la grossesse, il convient de vérifier dans chaque cas s’il existe une protection vaccinale suffisante ou une immunité contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (avec deux doses de vaccin documentées) ainsi que la varicelle (antécédents d’infection, immunité confirmée par la détection d’IgG ou deux doses de vaccin documentées) (Tab. 4). Chez les groupes à risque, p.ex. les individus travaillant dans les services de santé ou effectuant des voyages dans des zones de moyenne ou de haute prévalence, la protection vaccinale contre les hépatites A et B doit également être vérifiée. Idéalement, les vaccins devraient être administrés avant même la grossesse. Lors de chaque grossesse, une infection par l’hépatite B doit être recherchée (au moyen de la détermination de l’antigène HBs) afin de prévenir la transmission à l’enfant à la naissance en cas d’infection active.◼
Auteurs:
Dr méd. Andrea Büchler1, 2
Prof. Dr méd. Christoph Berger3
1 Klinik für Infektiologie & Spitalhygiene Universitätsspital Basel
2 Department Medical Microbiology & Infectious Diseases (MMID), Erasmus Medical Center Rotterdam, Netherlands
3 Infektiologie und Spitalhygiene
Universitäts-Kinderspital Zürich
Adresse de correspondance:
Dr méd. Andrea Büchler
Oberärztin
Klinik für Infektiologie & Spitalhygiene
Universitätsspital Basel
Petersgraben 4
4031 Basel
E-mail: andrea.buechler@usb.ch
a.buchler@erasmusmc.nl
◾2016
Entgeltliche Einschaltung
Mit freundlicher Unterstützung durch
XXXXXXX
Fachkurzinformation siehe Seite XXXX | FREIGABENUMMERXXXX
A. Büchler, Bâle & RotterdamC. Berger, Zurich◼
◾2003◆
Tab. 2: Erforderliche Impfungen bei einem 24-jährigen Mann ohne Impfausweis (Fallbeispiel)Tab. 3: Erforderliche Impfungen bei einem 70-jährigen Mann mit Diabetes mellitus Typ 2 und alle erforderlichen Basisimpfungen (Fallbeispiel)Tab. 4: Erforderliche Impfungen bei einer 28-jährigen schwangeren Frau in der 18. SSW (Fallbeispiel)Tab. 2:Vaccinations requises pour un homme de 24 ans sans certificat de vaccination (vignette clinique)Tab. 3:Vaccinations requises pour un homme de 70 ans atteint de diabète de type 2 et toutes les vaccinations de base requises (vignette clinique)Tab. 4:Vaccinations requises pour une femme enceinte de 28 ans à la 18e SG (vignette clinique)Tab. 5: Auswahl von in der Schweiz erhältlichen ImpfstoffenTab. 5:Sélection de vaccins disponibles en SuisseFig. 1: a) Propagation d’une infection avec un R0 = 3 dans une population naïve aux temps t1, t2, t3 et t4. b) Propagation d’une infection avec un R0 = 3 dans une population vaccinée (= immunisée) à 33 %. Rouge: infecté, vert: immunisé, rouge avec bordure jaune: indirectement protégé (modifié d’après M. Battegay)Tab. 1: Synopsis Schweizer Impfplan 2020. Empfohlene Basisimpfungen und ergänzende Impfungen (EKIF/BAG)1 Tab. 1:Synthèse plan de vaccination suisse 2020. Vaccinations de base recommandées et vaccinations complémentaires (CFV/OFSP)1